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The Bone Lady

Une experte mondiale en anthropologie criminelle livre ses souvenirs.

Emouvant et captivant. Only in English.

 

Quand un médecin légiste français écrit un bouquin autobiographique, ça vire fissa au pathos ou à la gaudriole de salle de garde (suivez mon regard). Rien de tout cela avec The Bone Lady, de Mary H. Manheim, regard émouvant et pédagogique sur son métier (sa passion) d’anthropologue légale. Son art consiste à faire parler les morts. Pas seulement les cadavres frais, ceux qui portent encore les stigmates de leurs blessures imprimés dans leur chair bleuie. Non. Les clients de la Bone Lady se recrutent dans les sous-bois paumés du bayou louisianais, les tombes oubliées des cimetières confédérés. Surtout : dans la mémoire de leurs proches, qui veulent savoir si le morceau de mandibule brunâtre découvert par un chasseur appartient bien à leur fils, à leur fille, à leur neveu disparus depuis des années. Et c’est là que l’auteur entre en jeu.

Derrière chaque squelette, des questions éthiques

Ce livre, construit sur le format de chapitres courts et très rythmés qui se lisent chacun à la manière d’un récit indépendant, n’appartient définitivement pas à la catégorie des ouvrages crâneurs où l’auteur fait, mine de rien, étalage de ses compétences. Mary Manheim observe au contraire une saine distance avec son sujet même si ses souvenirs restent marqués par une forte dimension émotionnelle. Son récit sobre et efficace ne s’égare jamais et, de cette économie de moyens, naît une émotion renouvelée à chaque chapitre.

Pour autant, Mahneim n’oublie jamais de faire œuvre de pédagogie (elle est prof à la Louisiana State University) et les questions qu’elle soulève sont culturelles, éthiques, morales, comme celles relatives à l’interprétation de la forme d’un crâne : si celle – ci est différente selon l’origine ethnique de chaque individu, comment la déterminer avec certitude dans une Amérique melting-pot où l’auteur elle-même avoue sa fierté de compter pour aïeux des Indiens, des Anglais ou des émigrés allemands ?


Un pur moment de lecture

Ces interrogations, et bien d’autres, sur l’identité, les identités, l’absence, la perte, l’incertitude, sont au cœur de ce petit ouvrage à réserver aux anglophones et promet un pur moment de lecture. Comme Manheim l’explique elle-même : "En ce qui concerne les personnes disparues, à la fois vivantes et mortes, que nous sommes capables de relier à leurs familles, nous nous montrons reconnaissants de notre rôle : pouvoir apporter un peu de tranquillité d’esprit (aux proches de victimes, ndla). Pour les autres, dont les histoires n’ont toujours pas trouvé de conclusion, nous persévérons". C’est simple. Et beau.


The Bone Lady, Mary H. Manheim, Penguin Books, 160 pages - 16,8 $.


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